Ty Annick

Cher ami ! sans doute êtes-vous comme moi dans un village
Encadré par les candélabres de la pluie
Recevant à dîner d'inquiétants personnages
Comme Rimbaud ou Max jacob ou Jésus-Christ.

Dieu merci ! le presbytère n'a rien perdu de son charme
Ni le jardin de son éclat !
Toujours l'odeur des seringas
Et le ciel qui tombe des arbres !

En ce moment il se peut que vous m'écriviez
Votre admiration pour Van Gogh
Que vos châssis soient préparés
Pour les graines de tournesol.

Ô mon Dieu ! laissez-moi célébrer ce curé de campagne
Il en sait plus que moi sur les mystères qui nous accompagnent
Et ce qu'il met en vers dans sa chambre chaulée
N'est rien que ce murmure de vous à lui qu'il me plairait d'intercepter

Mon cher Ami ! permettez donc que je m'adjoigne
Au pauvre zigue au cheval borgne à la cétoine
Et qu'il me soit donné d'entendre votre chant
Juste au moment du jugement !

 et de Coth Doll Pentreath (Cornouailles)

À quoi pensais-tu, Dolly Pentreath
Qui ne parlais plus cornic qu'à ton chat
Te répondait-il, Dolly Pentreath,
Te comprenait-il au moins celui-là ?

Et quand tu mourus, Dolly Pentreath
À ton Souverain Seigneur Notre Père,
Parlas-tu cornic, Dolly Pentreath,
En poussant, là-haut, la porte dernière ?

Nous fûmes à Paul, Dolly Pentreath,
Nous venions un peu causer avec toi !
Cornic ou breton ? Dolly Pentreath,
Breton ou cornic ? et français, ma foi !...

Je ne me sens à peu près à l'aise que seul. Ce n'est pas nouveau, c'est même assez ancien, je ne changerai donc jamais. Les rares êtres que j'aime, je les vois peu, femmes et enfants compris. Il me suffit de les savoir là. Pour l'heure, un peu loin, tout de même. Chaque lettre des mouflets me fait chialer. Je ne pensais pas qu'ils m'écriraient si vite !

(Faut aimer la vie, mai 1976, p. 125)

À vrai dire je suis en exil
dans ce trou jusqu'au mois d'avril.
Hélas ! mon Dieu, ainsi soit-il !
« Madame Fanche pour combien de tripes ?
Madame Fanche ramassez vos nippes ! »
Ah ! pas trop d'embarras à faire
entre l'étal et l'épicière
Commères ! comme vous
je ne suis pas commère !
quand l'été vient alors je vais à Rennes
à l'évêché je suis comme une plus que reine !
Finis les deux poings sur les hanches
pour parler à la mère Fanche !
Ici je suis cousine germaine
de Monseigneur Léon-Adolphe.
On m'invite chez les mondaines,
je joue au tennis et au golf.
Sur les questions de décorum
même les mandements du culte
voyez ! Sa Grandeur me consulte !
Je m'occupe des géraniums
j'accompagne sur l'harmonium,
voyez ! — ah ! oui, je suis en exil
dans ce trou jusqu'au mois d'avril
Hélas ! mon Dieu ! ainsi soit-il.

(Poèmes de Morven le Gaélique)

Cherche un beau jeune homme
Archaïque
Mélancolique
Fin d'automne
Cheveux bouclés
À la Parsiphaé.
Ayant lu Musset, Lamartine
Durant sa scarlatine
Jouant du luth et de l'épinette
Parfois de la clarinette
Qui me fera un bel enfant
Un soir de brume et de grand vent.